Menu principal:
Concept émotionnel
Mihaly Csikszentmihaly et le FLOW
Mihaly Csikszentmihaly est un psychologue Hongrois, leader du courant de la «Psychologie Positive». Il est professeur au Claremont College de Californie et a dirigé le département de Psychologie de l’université de Chicago.
Il étudie avec une approche scientifique ce que ressentent les êtres humains lorsqu’ils exercent les activités de leur vie quotidienne.
La méthode qu’il utilise s’appelle « L’échantillonnage de l’expérience vécue» (Experience Sampling Method – ESM).
Elle permet d’obtenir des données sur les pensées, les émotions, et les activités de plusieurs échantillons d’individus dans leurs milieux naturels tout en suivant l’évolution de leur humeur.
Le modèle ESM a été mis à l’épreuve auprès de milliers de personnes à travers le monde.
La question que se pose Csikszentmihalyi n’est pas «être le plus heureux» mais bien, «les gens se sentent-ils le plus heureux».
Parmi tous les groupes étudiés avec le modèle ESM, le premier échantillon de personnes étaient celles qui investissaient beaucoup d’énergie dans des défis stimulants sans récompense externe.
Il y avait des athlètes amateurs, des musiciens, des joueurs d’échecs, des alpinistes, …
Tous avaient pour point commun de vivre une situation dans laquelle l’attention est librement investie en vue de réaliser un but personnel.
Lors des interviews réalisées par Csikszentmihalyi et son équipe, les personnes de ce groupe ont décrit cette expérience en l’appelant «expérience flot». Selon elles, toutes les énergies semblent constituer un flot, un courant (Flow).
Csikszentmihalyi a appelé cette expérience, le Flow
Csikszentmihalyi décrit cet état psychologique comme une expérience tellement absorbante qu’il est possible de la qualifier d’optimale. C’est cette expérience optimale que quiconque peut vivre lorsqu’en exerçant une activité, il éprouve de la joie, de la créativité et un engagement total.
Un enjeu contrôler sa conscience
Le contrôle de sa conscience et l’organisation de son contenu dans l’ici et maintenant pose une nouvelle question «suis-je en train de vivre»
Selon Csikszentmihalyi, la société de consommation favorise le cycle de la frustration et de l’éternelle insatisfaction, privant ainsi de vivre intensément l’instant présent.
L’enjeu reste l’acquisition de la maîtrise de son expérience intérieure, la conscience de ses émotions, la conscience de soi.
Les émotions qu’un individu ressent dépendent de ses propres filtres de perception. Contrôler sa conscience, c’est éviter le désordre intérieur et organiser ses priorités.
Pour Csikszentmihalyi, la fonction de la conscience est de décider, d’évaluer, de réagir en tenant compte des émotions et des perceptions procurées par un évènement extérieur.
Nous parlons ici d’un modèle cognitif, selon lequel l’événement vécu est un ensemble d’informations traitées et conservées par le cerveau.
Nous avons la liberté de contrôler cette réalité subjective. La conscience peut être ordonnée selon des buts et des intentions que nous hiérarchisons.
Une énergie psychique : l’attention
Les connaissances scientifiques actuelles permettent d’estimer à 7 fragments d’information, le nombre maximum d’éléments que le système nerveux peut gérer en même temps.
Notre champ de conscience est naturellement restreint à cette limite.
Une des découvertes importantes réside dans le constat que lorsque nous concentrons notre attention sur l’instant présent nous élargissons notre champ de conscience.
La vie d’un individu est souvent le reflet de la façon dont il mobilise son attention, telle une véritable «énergie psychique» comme la définit Csikszentmihalyi.
L’expérience optimale du Flow
La phénoménologie du Flow, élaborée à partir de ces études, comporte 8 caractéristiques.
La présence d’un défi, c’est à dire d’une activité avec un degré de difficulté est l’une des deux constantes de cette caractéristique. La deuxième constante est l’aptitude ou les compétences sans lesquelles il n’est pas possible de réaliser le défi en question.
Exemple :
nous entendons que ce compétiteur est à la fois stimulé par l’enjeu de gagner et également, par le désir de bien jouer et de progresser.
Pour provoquer le Flow, le niveau d’exigence du défi doit se situer juste au-dessus des compétences requises pour le réaliser.
L’attention de l’individu, donc son énergie psychique, est tellement concentrée sur l’activité qu’il est totalement absorbé par ce qu’il fait.
Exemple :
les amateurs de tennis se souviennent que Bjorn BORG était un modèle de concentration. Il disait ne pas entendre les bruits extérieurs au court de tennis. Mais il était parfaitement conscient de la position de son adversaire, de son souffle, de ses intentions, etc.
Et l’activité en cours fournit à la conscience un retour (rétroaction) immédiat
Ces deux caractéristiques sont intimement liées. Si le but à atteindre n’est pas clair pour la personne et qu’elle ne peut avoir un retour immédiat sur ce qu’elle est en train de faire, alors elle n’éprouvera aucun plaisir à réaliser les activités.
Exemple :
voilà ce que déclare un ingénieur d’une entreprise navale« Depuis que nous avons décroché ce nouveau défi, je peux déjà voir ce bateau dans mon esprit, chacune de mes actions me ramène à cette vision et je ressens un profond sentiment de fierté d’agir en ce sens» .
La concentration est telle que la qualité des informations admises dans la conscience devient très sélective. Pendant l’expérience du Flow, aucune pensée parasite, aucun soucis du quotidien, aucun souvenir désagréable ne sont venus troubler les personnes de l’étude.
Exemple :
cette créatrice de jeux nous donne un témoignage «suis tellement impliquée dans ce que je fais, que je m’aperçois après coup n’avoir pensé à rien d’autre. C’est comme si, mes ennuis étaient restés à la porte».
Les personnes interviewées décrivent plutôt une «é de contrôle», une sorte de super maîtrise de son environnement et de ce que l’on fait. La peur d’échouer n’existe pas.
Exemple :
«sais exactement ce qui se passe durant la négociation nous dit ce dirigeant de PME. C’est la sensation intense de savoir jusqu’où aller, tout en minimisant ma marge d’erreur».
En vivant une expérience de Flow, les personnes déclarent avoir oublié la faim, la soif ou la douleur (dans le cas d’un défi sportif). La sensation décrite est de l’ordre d’une «de préoccupation de soi» doublée d’une impression de faire corps avec l’activité. La perception de ce qu’il faut faire est immédiate, et l’action est automatique. Le bon geste au bon moment sans avoir besoin d’y réfléchir.
Exemple :
L’expérience que vit ce conférencier illustre cette caractéristique «me suis tellement entraîné à faire de bons discours que j’en arrive à éprouver des sensations nouvelles. J’ai vraiment l’impression de ne faire qu’un avec les 200 ou 300 personnes qui m’écoutent. Je sais d’instinct le ton que je dois prendre pour provoquer la réflexion, étonner ou faire sourire. Il y a là une grande récompense».
La sensation du temps passé à exercer l’activité ne répond plus à nos repères habituels.
Deux cas de figure peuvent se produire. Dans le premier, nous n’avons pas vu passer le temps et pourtant cela fait des heures que nous sommes totalement absorbés par une activité.
Dans le deuxième cas, certaines personnes décrivent pendant leur expérience du Flow, des actions qui n’ont duré que quelques secondes mais qu’elles ont l’impression d’avoir vécu au ralenti. Elles peuvent en décrire chaque détail avec précision.
Exemple :
cet artisan céramiste dit «je jette l’argile sur le tour et que je rentre en contact avec elle, le temps s’arrête. Je n’ai pas d’horloge dans mon atelier et je serai bien incapable de vous dire combien de temps j’ai passé sur une pièce».
Sous-menu